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Mémoire assassinée !





Mémoire assassinée !

05 mar, 2013

Après avoir été laissé à l’abandon, le site de Tobna vient de subir une nouvelle agression par les autorités locales qui ont avalisé le permis de construction des logements promotionnels et participatifs sur ce site historique. Lors travaux de terrassement, les engins des travaux publics se sont heurtés à diverses ruines. Notre passage sur les lieux se veut être un message d’alerte aux autorités locales et aux responsables du ministère de la Culture afin d’arrêter ce «massacre».

De nos envoyés spéciaux à Barika Hacène Naït Amara / Photos : Azzeddine Aït Kaci
C’est un véritable massacre à ciel ouvert qui a été perpétré contre la ville antique de Tobna dans la localité de Barika (Batna). Cette grande ville ancienne était pendant des siècles à la merci des intempéries et des vents de sable. C’est toute une civilisation qui a été ensevelie. Au lieu de réhabiliter la ville en «ruines», l’antique Tobna est enfoncée davantage sous terre. Fondée sur les ruines de l’ancienne ville de Toppona, Tobna a atteint un degré d’urbanisation et de prospérité, particulièrement pendant l’occupation romaine de cette région. Aujourd’hui, cette ville ancienne se meurt et est plus que menacée de disparition. Située à 4 kilomètres au sud, entre les routes de M’doukal (CW37) et de Biskra (CW35), il ne reste de Tubunae que des débris de constructions et d’ustensiles. Au cours de notre visite des lieux et comme le montrent si bien les photos publiées sur notre journal, le constat est plus que désolant. Des ustensiles et des débris de construction (grosses pierres et poutres) font l’objet d’un vandalisme qui ne dit pas son nom. Les quelques citoyens de la ville de Barika qui font de la préservation de l’antique Tobna leur principale cause, continuent à lutter contre vents et marrées pour sauver ce qui reste encore à sauver de cette ancienne ville. Ils lancent un cri de détresse aux autorités locales, au ministère de la Culture et aux citoyens de la ville de Barika, en les suppliant de faire quelque chose pour maintenir en vie les vestiges d’une civilisation qui fut, autrefois, la gloire de la civilisation musulmane, en remplaçant Kairouan. Les autorités locales, au lieu de clôturer le site et sanctionner toute atteinte à ce patrimoine, sont les premières à donner le mauvais exemple, en y programmant un nombre important de grands projets. Le centre universitaire Hadj Lakhdar, les 300 logements et le siège de la Gendarmerie nationale, sont autant de projets réalisés sur ce site sans une expertise des lieux au préalables. Le massacre continue encore et toujours au su et au vu de tout le monde. Un projet de réalisation de logements promotionnels et participatifs est de nouveau prévu sur le site. Avant notre arrivée sur les lieux, une armada d’engins de travaux publics agresse notre regard. Pelles mécaniques, grues, bétonnières et engins excavateurs sont tous mobilisés pour réaliser les «basses» œuvres. Au cours des travaux de terrassement, ces engins se sont heurtés à de diverses ruines telles que les arcades, les murs et les ustensiles de terre cuite. Mais au lieu d’arrêter le «massacre» et aviser les services concernés de la situation, le promoteur du projet continue les travaux de terrassement comme si de rien n’était. Plus grave encore, comme le prouvent les photos qui illustrent cet article, les pierres et autres objets de ce site sont simplement jetées dans la décharge. Graoui Slimane, chercheur en histoire que nous avons rencontré sur les lieux n’a pas caché son amertume face à ce qu’il qualifie de «crime contre l’humanité». Pour lui, les responsables de cette situation sont passibles de prison. Les quelques personnes qui se sont érigées en défenseurs de ce site dont Graoui Slimane ont frappé à toutes les portes dans l’espoir de trouver une oreille attentive à leur doléances mais en vain. Ni le service de la wilaya ni ceux de l’APC et de la daïra et encore moins la direction de la culture de la wilaya de Batna n’ont réagi pour sauver ce qui reste des ruines de l’autique Tobna. Face à cette situation de quasi-indifférence des responsables locaux et de ceux du ministère de la Culture, ces défenseurs de ce site historique n’ont d’autres moyens pour le sauver que leur détermination et la presse pour sensibiliser l’opinion publique nationale sur la gravité de la situation.

L’APC de Batna et le promoteur immobilier au banc des accusés
Joint par téléphone, le directeur de la culture de la wilaya de Batna, Bouguendora Abdellah, rejette la balle sur les responsables de l’APC de Barika lesquels, selon lui, n’ont pas informé ses services de la réalisation d’un tel projet sur le site de Tobna. «À chaque fois qu’un projet est affecté sur ce site, nous sommes systématiquement tenus informés», a-t-il dit. Une déclaration qui se veut comme un dédouanement des ces actes d’agression dont fait l’objet ce site historique. En l’informant du projet de réalisation de logements sur les ruines de Tobna, Bouguendora Abdellah, accompagné d’une équipe d’experts en archéologie, s’est rendu sur le site pour constater de visu ce qu’il venait d’entendre au téléphone. Il a nous promis, si notre constat s’avère vrai, de prendre les mesures qui s’imposent en pareille situation. Après environ une heure de route de Batna à Barika, Bouguendora Abdellah et sa délégation d’experts en archéologie arrivent sur les lieux. Le spectacle est désolant lâche-t-il au téléphone, confirmant ainsi notre description de la situation. Selon son explication, Il a promis d’appliquer la loi 04-98 qui protège ce genre de site. Chose qu’il avait faite puisque sur les lieux, il a informé le wali de Batna et le chef de daïra de Barika de la situation. Selon lui, une décision d’arrêter le chantier a été prise, en attendant l’arrivée d’une équipe du Centre national de recherche en archéologie de la wilaya de Khenchela demain jeudi, seul habilité à donner plus de précisions sur l’âge exact des ruines de ce site.

La Direction de la culture compte saisir la justice
Même son de cloche chez le directeur de la culture au niveau du ministère de la Culture, Zekagh Abdelwahab qui qualifie de dramatique ce qui vient d’arriver au site de Tobna après avoir visionné des photos du chantier que nous avons prises sur ce site historique. Il a confirmé, la décision prise en concertation entre le directeur de la culture, le wali de Batna et le chef de daïra de Barika. Outre l’arrêt du chantier, il a promis de déposer plainte contre le promoteur immobilier, l’APC de Barika et la sous-direction de l’urbanisme de l’APC de Barika. Il a expliqué la non consultation au préalable de ses services concernant la réalisation d’un tel projet sur ce site par le fait qu’une telle opération se déroule sur une zone protégée. Néanmoins, il a rappelé que la loi est claire en pareille situation. «La loi oblige tout individu qui découvre un objet d’archéologie de la signaler dans les 48 heures à la direction de la culture au niveau de la wilaya», a-t-il expliqué. Chose qui n’a pas été faite. Toutefois, il a promis d’aller plus loin dans les sanctions. Zekagh Abdelwahab parle de dépôt de plainte contre l’APC de Barika et la sous-direction de l’urbanisme de ladite APC. Une équipe du ministère de la Culture qui sera appuyée par une équipe du CNRA de Khenchela sera dépêchée sur les lieux à partir de demain (jeudi ndlr), a-t-il indiqué. Le travail de cette équipe consistera à faire un rapport complet sur la situation dont une copie sera remise, selon lui, à la justice.
H. N. A.


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